Compotier : Saint-Omer, décor «en haricot », Saint-Omer, Musée de l’Hôtel Sandelin.


Faïencerie de Saint-Omer



 Les origines
L'histoire de la manufacture de Saint-Omer commence à Dunkerque. Georges-Louis Saladin, riche armateur et tanneur de cette ville, s’associe en 1749 à un certain d’Ousbourg dans le dessein d’ouvrir une faïencerie. En dépit des facilités financières que lui donnait son négoce, Saladin se heurte à une opposition farouche menée par le faïencier lillois Boussemaert. En effet, la ville de Dunkerque faisait partie de la généralité de Lille et celle-ci entendait à tout prix protéger la fabrique de Boussemaert « sans contredit la plus importante du royaume ». Face à cette implacable offensive, Saladin se met à la recherche d’une localité toute proche, mais en dehors de la circonscription lilloise. Saint-Omer, avec son canal, son bois blanc et ses terres de qualité, retient son attention. Le 14 avril 1750, il obtient un privilège de vingt ans pour faire de la faïence « aussi bonne que celle de Hollande et qui présente l’avantage de souffrir le feu ». Installé au faubourg du Haut-Pont, hors les murs, son four est en état de marche l’année suivante. L’ouvrier qualifié nécessaire arrive en 1751 ; il s’agit du Rouennais Jacques-Adrien Levesque, modeleur et peintre en faïence. En 1752, Levesque devient le gendre de Saladin en épousant sa fille Marguerite, qui apporte en dot la fabrique. Georges-Louls Saladin retourne vraisemblablement à Dunkerque où son décès est enregistré en 1764.


Le succès de la manufacture s’affirme et ne cesse de s’accroître. De nouveaux ouvriers sont embauchés. La présence de tourneurs et de peintres, originaires de Saint-Amand-les-Eaux, explique l’analogie de certaines formes et décors entre les deux fabriques. Les faïences de Saint-Omer sont réputées aussi bien au-delà de la frontière, en Hollande, qu’en Artois. Rien ne serait venu troubler cette prospérité si, en 1766, Levesque, après l’achat d’une ferme à Saint-Momelin, n’avait entamé un procès aux abbés de Saint-Bertin, ses voisins. Le procès, qu’il gagnera, traîne près de neuf ans et le laisse sans ressources. En 1788, la manufacture est vendue à un sieur Loisel.


Du fait d’une direction unique et d’une période d’activité relativement brève, une vingtaine d’années, la production de Saint-Omer, bien que diversifiée, apparaît homogène. Malgré la parenté existant avec une partie de la production lilloise, le décor historié qui figure sur une série d’assiettes est, sans contestation possible, l’œuvre de la fabrique de Jacques-Adrien Levesque. La fabrication audomaroise se distingue de celle de Lille, non seulement en raison de la forme moulurée des assiettes, mais encore par la palette bien typée, faite de vert olive soutenus et de jaune jonquille.

Suivant la mode lancée par Strasbourg, Saint-Omer se devait de faire preuve d’ingéniosité plastique. Terrines en forme de canard, de poule, de dindon, de chou ne manquent pas d’attrait en dépit de la lourdeur de la terre. Signalons d’autre part, ces sculptures d’ornement, tels les deux chats, mouchetés de violet de manganèse, qui semblent ronronner au coin du feu (musée Sandelin, Saint-Omer).
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