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Grand plat : Nevers, Orphée charmant les oiseaux, aile à décor de trophées. Vers 1650
Faïencerie de Nevers
Les origines
La France connaît la faïence stannifère depuis le début du XIIIᵉ siècle. Pendant la première moitié du XVIᵉ siècle, à la suite des guerres d'Italie et sous l'influence de céramistes venus de ce pays, la faïence se développe en France sous la forme d'un artisanat de luxe, notamment pour la réalisation de pavements.
Cependant, ces réalisations gardent un statut d'exception et ne conduisent pas à une production suivie et à un artisanat pérenne. Cet artisanat se pérennise au cours de la seconde moitié du XVIᵉ siècle, à Lyon et dans des villes du sud-est de la France comme Nîmes, Montpellier ou Avignon.
Alors que Nevers a déjà une activité de poterie non émaillée, la ville développe son activité de faïencerie à partir de la fin du XVIᵉ siècle grâce à Louis Gonzague. Originaire d'Italie, devenu duc de Nevers en 1565 par son mariage avec Henriette de Clèves, Louis Gonzague fait venir d'Italie Augustin Conrade, potier d’Albissola en Ligurie, et ses frères, Baptiste et Dominique, qu'il installe avant 1588 au château du Marais à Gimouille. Leur réputation et leur réussite deviendront telles, que Nevers s'affirmera au XVIIᵉ siècle comme capitale française de la faïence.
La matière première, argile, marne et sable, se trouve sur place. Le bois du Morvan permet de chauffer les fours. La Loire et le canal de Briare permettent d'acheminer et de diffuser la production.
XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle
Les Conrade s'associent à d'autres artisans et emploient des potiers locaux, ils ouvrent plusieurs faïenceries. Ils obtiennent en 1603 le monopole de la fabrication de faïence pour trente ans. De 6 au début du XVIIᵉ siècle, le nombre d'ateliers à Nevers augmente progressivement atteignant 9 au milieu du XVIIᵉ siècle puis 12 vers le milieu du XVIIIᵉ siècle
. À son apogée, l'activité faïencière occupa plus de 500 personnes. Si la première période de la faïence de Nevers est artisanale, avec de pièces dans le style italien, la fabrication des faïences s'industrialise à partir du milieu du XVIIᵉ siècle, en même temps que le style des faïences évolue.
XIXᵉ siècle
La faïence de Nevers connaît un important déclin au XIXᵉ siècle en raison d'une double concurrence apparue à la fin du siècle précédent. D'une part, le traité commercial de 1786 avec l'Angleterre ouvre la France aux importations de faïences anglaises.
La faïence de Nevers fait alors face à la production anglaise plus légère et moins chère. D'autre part, la production de porcelaine se développe en Europe à partir de la fin du XVIIIᵉ siècle, en particulier en France à Sèvres et à Limoges, et vient concurrencer les faïenceries. Les faïenceries de Nevers ferment au point qu'en 1881 seule subsiste la manufacture du Bout du monde.
En 1881, Charles-Pierre Fieffé est nommé conservateur du Musée de la faïence et des Beaux Arts de Nevers. Dès sa prise de fonction, il fait ouvrir une salle spéciale pour les faïences patriotiques. Les collections passeront de 21 à 230 pièces
. En 1885, la publication des Faïences patriotiques nivernaises couronne son travail de conservateur. coécrit avec Adolphe Bouveault et préfacé par Champfleury, l'ouvrage fait l'objet de comptes rendus élogieux dans les revues d'art parisiennes, comme Gil Blas ou Le Figaro qui le reconnait comme « une autorité en la matière ».
XXᵉ et XXIᵉ siècle
La production de faïence à Nevers est relancée à la fin du XIXᵉ siècle par Antoine Montagnon qui a racheté la manufacture du Bout du monde. La faïencerie Montagnon, qui emploie une cinquantaine d'ouvriers au début du XXᵉ siècle, essaime et de nouvelles faïenceries sont ouvertes à Nevers.
Si au début du XXIᵉ siècle, 6 faïenceries, employant une trentaine de personnes, étaient encore en activité à Nevers, seuls deux ateliers subsistent en 2017.
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