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Faïencerie de Clermont-Ferrand Grand plat Clermont-Ferrand au décor central formé d’armoiries Coll.part. FM
Faïencerie de Clermont-Ferrand
Les origines
C'est par un mémoire de M. Dufraisse de Vernines, écrit en 1760 et intitulé « Parallèle entre les ouvrages de poterie d'Auvergne anciens et modernes » que nous connaissons l'existence de la manufacture des faïences de Clermont-Ferrand. Ce mémoire nous apprend « qu'en 1730, les nommés Perrot et Sèves, originaires du Bourbonnais, connus pour avoir travaillé dans les manufactures de Moulins et de Nevers, étant venus s'établir dans notre ville de Clermont-Ferrand, s’aperçurent qu’aux environs, il y avait de la terre propre à fabriquer de la faïence.
Connaissant tout ce qui concerne cette industrie, ils entreprirent de mettre cette découverte à profit.
L'existence éphémère de la manufacture de Mathieu Perrot
En réalité, ce n'est qu'en 1732, qu'un certain Mathieu Perrot, établi « marchand faïencier » à Clermont-Ferrand, vend les biens qu'il possède, loue des bâtiments à Fontgièvre, faubourg de Clermont et y installe une manufacture de faïence dont les débuts se situent au cours du dernier Semestre de l'année.
On a voulu attribuer à cette première tentative une production de vaisselle d'usage mal façonnée, dont les décors très rudimentaires sont posés sur un émail pauvre, terne, craquelé et dont le revers est recouvert de manganèse.
|| est très difficile de lui donner la paternité de ces « culs noirs » qui ont été fabriqués dans tous les centres faïenciers et probablement aussi à Clermont-Ferrand. Il est plus probable que la fabrication de Perrot s'est bornée à une vaisselle d'usage en faïence blanche. Ces pièces ne présentent d'ailleurs qu'un très faible intérêt céramique ou artistique.
D'envergure insuffisante, mal conçue et mal gérée, cette première entreprise n'a qu'une existence éphémère. Un « Etat des Recettes et des Dépenses» pour la période du 13 décembre 1732 au 6 janvier 1733, dressé sur ordre de l'intendant accuse la faillite. Les biens de Perrot sont saisis et la manufacture ferme ses portes.
Les demandes de privilèges
Presque aussitôt, l'affaire est reprise par un Sieur Savignat, marchand à Clermont- Ferrand.
On construit un nouveau four, mieux adapté, pour lequel on brûlera de la bruyère, le bois étant rare en Auvergne et fort cher. La première fournée a lieu en juillet 1733. Les investissements sont importants et Savignat sollicite un privilège de vingt ans auprès de M. Orry, contrôleur général des Finances.
Il a besoin d'un protecteur mais aussi d'un commanditaire. || le trouve en la personne de Antoine Joseph Jouvenceau d'Alagnat, conseiller à la Cour des Aydes, de Clermont-Ferrand, bien en cour auprès de l'intendant, M. de Trudaine, l'intendant des renseignements sur la fabrique. Un état est immédiatement dressé, le 25 janvier 1734, auquel Trudaine ajoute son avis favorable. La réponse d'Orry se faisant attendre, d'Alagnat renouvelle auprès de Trudaine sa demande de privilège. Sur ces entrefaites, celui-ci quitte l'Auvergne, nommé directeur général des Ponts et Chaussées. Il est remplacé à l'intendance par M. Bonaventure Robert Rossignol. Mal introduit auprès de lui, d'Alagnat fait jouer ses amitiés auprès du ministre qui prescrit à l'intendant « d'examiner par lui- même l'état du vrai de cette manufacture ».
Le 22 avril 1735, Rossignol envoie son rapport. À son avis favorable, il joint un nouvel état de la manufacture. Le 1°" juillet de la même année, Orry envoie une réponse négative, ne jugeant pas à propos d'accorder les privilèges demandés parce que « ces sortes de manufactures ne nécessitent point de prérogatives ».
Savignat et d'Alagnat se trouvent victimes de cette nouvelle attitude gouvernementale, déjà amorcée sous la Régence, de laisser s'épuiser les privilèges existants et de faciliter ainsi la création de nouvelles entreprises. Informé de la réponse, d'Alagnat exprime son désappointement à l'intendant Rossignol, n’abandonne pas pour autant et formule une nouvelle demande de privilège, mais alors pour douze ans, qui reste sans réponse. Il meurt le 1°" décembre 1737, sans avoir réussi.
Difficultés financières et association
Dès la mort de son mari, Mme d'Alagnat reprend la direction de l'entreprise et apporte certainement une part de la succession de ses parents qu'elle partage avec son frère en 1739. Les difficultés financières allant malgré tout en s'aggravant, elle vend la charge de son mari, et s'associe le 30 août 1740, pour une durée de sept ans, avec Pierre Lebrun, seigneur de Nohanant, ami de son mari, et comme lui, conseiller à la Cour des Aydes de Clermont. Prétextant l'octroi d'un privilège royal à la fabrique de Limoges, elle écrit au ministre, le 22 mars 1741, demandant à nouveau un privilège exclusif qui lui est refusé le 14 avril. Devant ce nouvel échec, qui détruit tout espoir de redresser la situation financière, peut-être aussi par souci de préserver ses propres intérêts, le Sieur de Nohanant va chercher tous les moyens pour interrompre l'expérience et congédie le 23 juin 1742, de son propre chef et contre l'avis de Mme d'Alagnat, tous les ouvriers de la manufacture, Devant cette attitude, Mme d'Alagnat instrumente contre son associé et un inventaire est dressé les 20, 23 et 24 juillet suivants.
Malgré tous ces déboires, elle persiste dans son entreprise. Le but est avant tout d'écouler la marchandise invendue et avec un personnel réduit
— onze personnes dont deux peintres et deux tourneurs
— de satisfaire à quelques commandes.
La manufacture ferme définitivement ses portes quelques temps avant sa mort qui survient le 1°" avril 1757. L'expérience aura duré plus de vingt ans.
© Docteur Francis Morin
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