La Tronche : Décor à la rose manganèse, 2ᵉ moitié du XVIIIe, Grenoble, Musée Dauphinois


Faïencerie de La Tronche



 
Les origines
De même qu’au XVIᵉ siècle, le style de la majolique italienne se répand en remontant la vallée du Rhône, au XVII siècle, l’influence de Moustiers et de Marseille longe le fleuve. En 1735, Édouard Roux, d’abord fabricant de faïences à Moustiers, puis peintre chez les Clérissy, enfin compagnon de Joseph Olérys chez le comte d’Aranda à la manufacture d’Alcora en Espagne, vient s’établir à Grenoble.


En 1748, il s’associe avec Jean-Baptiste Chaix, peintre, comme lui, originaire de Moustiers, ainsi qu’avec le marchand de faïence grenoblois Antoine Ray-Compte, pour ouvrir un four au faubourg Très-Cloîtres. Il sollicite aussitôt avec succès l’exclusivité de l’emploi de la couleur. A la mort d’Edouard Roux (1749), son fils Jean-Pierre lui succède ; la fabrique semble prospère puisque vingt et un ouvriers y travaillent, dont treize venus de Haute-Provence. Mais la concurrence de la fabrique de La Tronche, créée en 1745, acculera peu à peu Jean-Pierre Roux à fermer sa faïencerie (1779).


Le décor moustérien est omniprésent ; sans aucune originalité, il présente toutefois quelques singularités. Les fleurs de solanées encadrent souvent un bouquet dont la rose, à la tige épineuse, confirme sa provenance grenobloise. La bordure de branche à trois rameaux est aussi caractéristique, elle s’associe presque toujours au décor d’oiseau.


Joseph Perret fonde une faïencerie au lieu dit Plaisir de La Tronche à quelques kilomètres au nord de Grenoble. Il cède l’entreprise en 1755 à Claude Potié issu d’une famille de faïenciers nivernais et travaillant à Lyon. Le nouveau propriétaire voit au demeurant son travail facilité par l’expiration du privilège de Très-Cloîtres. Grâce à lui, entre 1755 et 1770, le style de la faïence de La Tronche acquiert une personnalité. La fabrique restera en activité jusqu’en 1830.

Il est probable que lors de la fermeture de Très-Cloîtres, des ouvriers de cette fabrique soient passés à celle de La Tronche. Il existe en effet des analogies entre certains motifs. Le décor de bordure de La Tronche en diffère cependant par des tiges fines dont l’une est raide et brisée. Le bouquet à la rose épineuse comporte une feuille en fer de lance. Quant au Chinois, de profil, il se distingue par sa bosse. La terre des faïences de Grenoble est chamoisée, recouverte d’un émail irrégulier.

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